Elle tournait et retournait dans sa chambre, tout en essayant de terminer de se préparer. Elle n’aurait jamais dû accepter. C’était beaucoup trop risqué, sortir avec une de ses collègues un soir, en public qui plus est. Et si elle buvait trop ? D’ailleurs, pouvait-elle être saoule ? Et si elle arrivait à se saouler et se mettait à trop parler ? Bon il y aurait fort à parier que quoiqu’elle dise passe pour des délires dûs à l’alcool, mais tout de même…

Elle avait d’ailleurs longuement hésité lorsque Ryan l’avait invitée. Mais elle avait su qu’elle n’avait pas le choix. Elle était certes nouvelle professeure au lycée, mais elle sentait que le temps où elle pouvait prétexter la réserve liée à l’inconnu était révolu. Elle était déjà là depuis quelques semaines et on allait pas tarder à trouver étrange qu’elle ne se mêle jamais aux autres, déjeune seule sous prétexte de travailler et ne se lie avec personne. Fut un temps où sortir entre collègues ne lui posait aucun problème, mais les choses avaient bien changé depuis. Elle n’était plus certaine de savoir se comporter de manière naturelle en présence d’un autre être humain. Enfin, d’un être humain tout court. Parce qu’elle n’en était plus vraiment un, n’est-ce pas ?

Ryan n’allait plus tarder maintenant. Elle examina une dernière fois son maquillage et sa coiffure et avala ce qu’il restait de son milkshake pour tromper sa nervosité. C’est à ce moment qu’elle reçu un message de sa collègue, lui annonçant qu’elle arrivait dans sa rue. Coraline vérifia une dernière fois sa bouche et sa dentition - il aurait été embêtant de sortir avec un bout de cervelle entre les dents -. Puis elle attrapa sa veste et son sac et sortit.

Au moment où elle fermait sa porte à clef, la voiture de Ryan s’arrêta devant son allée. La rouquine pressa le pas pour la rejoindre et ouvrit la portière côté passager. « Bonsoir. » Elle sourit, espérant ne pas paraitre trop mal à l’aise. Du peu qu’elle connaissait la brune, elle l’appréciait plutôt bien - sans compter qu’elle était très jolie. Coraline avait beau être mariée, elle avait des yeux -. Et sans doute valait-il mieux pour une première fois sympathiser avec seulement l’une de ses collègues avant de se lancer dans des interactions de groupe. Elle s’assit et ferma la portière avant de se tourner vers elle. « C’est gentil d’être venu me chercher, j’espère que ça ne te fait pas trop loin. » Elle se rappela alors dans quelle ville elle se trouvait. « Enfin si on peut parler de loin pour Sunnydale. » Elle se rendait compte qu’elle parlait un peu trop vite et qu’il fallait qu’elle se détende. Tout se passerait bien.

Elle regarda machinalement son portable avant de le replacer dans son sac. « Où est-ce qu’on va ? » Elle se demandait bien où tout Sunnydale passait ses folles nuits.