Aujourd'hui un évènement inattendu était arrivé: Vanessa reniflait du nez. Son métier allait en pâtir pendant un petit moment. Rien de grave, madame avait déjà une ou deux formules toute faite. Et puis, ils attendraient qu'elle recouvre sa santé. Un nez qui était malade, c'était une abomination. L'horreur était plus cruelle pour sa seconde nature. Une chose qui l'incommodait parfois lorsqu'elle croisait des enfants en bas âge. L'odeur de leurs excréments ne lui arrivait plus en pleine face, c'était déjà ça.
Ceci n'aurait aucun incident sur ce qui allait venir. En effet, aujourd'hui c'était le jour des rendez-vous. Déjà las de ces rencontres elle choisit avec cette petite comptine; une qu'utilisait l'un de ses défunts enfants il fut un temps; le malheureux élu qui finirait sa dernière nuit avec elle.
Ce serait le ténébreux. Le rouquin aux yeux océans, le guitariste naturiste ou encore l'artiste incompris pouvaient remercier par la pensée le barbu.
Elle se prépara en vue de séduire le jeune homme. Aujourd'hui elle ne savait pas si son rhume allait faire revêtir l'équipement de chevalier de l'homme. Vanessa savait que certains aimaient se sentir comme les protecteurs face aux images de frêles femmes dont certaines se dotaient. La brune se dotait de cette apparence afin de faire tomber les hommes. Son côté silencieux la faisait passer pour une femme réservée. Ses origines asiatiques accentuaient ses traits avec toutes ces rumeurs sur la femme bien docile. Le tout l'arrangeait bien pour ses petites affaires.
De toutes manières, ce soir c'était la pleine lune, elle ramènerait l'homme coûte que coûte à son domicile. Il en coûterait de sa vie, elle en était certaine. Pourtant, Vanessa n'avait rien trouvé d'étrange. Elle avait utilisé Google lens pour vérifier son statut facebook, sa réputation. Oh, elle aurait pu culpabiliser. Elle n'en était plus vraiment capable. Les humains n'aimaient pas les bêtes et certains détestaient les femmes. Alors un de moins sur terre, elle n'allait pas les pleurer. Oh non. Elle se remémorait ce douloureux souvenir, ce chasseur, cette terreur. Vite, elle prévint sa victime qu'elle arriverait dans un petit quart d'heure.
Son arrivée n'avait rien d'extraordinaire, apprêtée comme toujours, la louve avait dû s'aider de son téléphone pour reconnaître la victime de sa future soirée. Elle se serait bien fiée aux différentes odeurs que l'essence humaine dégageait mais aujourd'hui impossible. Elle ne pouvait même pas dire si le monsieur s'était aspergé d'une quelconque eau de toilette u d'un parfum haut de gamme. En le voyant, Vanessa lui offrit un sourire accueillant. Il avait au moins le droit d'avoir une belle femme et surtout souriante. Doucement, elle descendit les marches de l'escalier, d'un pas lent; comme si celle-ci souhaitait ralentir le temps pour feindre du côté de sa victime un coup de foudre; elle s'avança vers l'homme lui effleurant légèrement le bras.
"Bonjour. C'est moi Pomone897. Vous pourrez désormais me nommer Patricia." annonça-t-elle d'une voix qui se voulait mielleuse.
Sa main rangea le téléphone dans son sac à main. Elle fit un pas en arrière, pour le laisser l'admirer. On s'émerveillait de la beauté d'une oeuvre à quelques pas, non à quelques millimètres. Il fallait le laisser respirer et ne pas lui inspirer une quelconque peur.
"C'est agréable de vous rencontrer en chair et en os si je puis me permettre. Voudriez-vous boire un verre en ma compagnie si je vous plais toujours ?"
Bien sûr qu'elle lui plaisir toujours. Pure question rhétorique! Celle-ci en était persuadée. Que pouvait-il clocher chez elle ? Elle était sublime, malade mais d'une beauté éclatante. Certes, sa jeunesse des vingt ans était passée mais les quarante ans étaient une nouvelle étape où elle était bien plus confiante, bien plus sûre.
Elle sortit de son sac un petit paquet de mouchoir par précaution. Elle irait se moucher quelques instants dans les toilettes lorsqu'un inconvénient de taille voudrait s'imposer. La louve avait tout de même une image d'elle à garder!
"Vous m'excuserez je suis quelque peu souffrante depuis peu, j'ai attrapé un rhume."
"Mais j'avais tellement envie de vous rencontrer que je n'ai pu me résoudre à vous proposer un rendez-vous la semaine prochaine. J'aurai été très peinée de savoir qu'une autre aurait pu vous occuper." minauda-t-elle tout en clignant doucement les yeux.
Le moment passé en compagnie de l'humain avait été agréable. Non, ce n'était pas une surprise.
Un petit pincement au coeur l'envahissait. Cette nuit, c'était la pleine lune. Il aurait un dernier moment positif avec elle avant de succomber à tout jamais dans un profond sommeil. S'il continuait à être sympathique elle lui présenterait sa petite poule d'amour, Molly Ginny.
Ensuite, la quarantenaire le ferait rentrer et toutes les portes se fermeraient. Le spectacle débutait et durerait tout le long de la nuit. Le lendemain, la brune aurait quelques minces souvenirs du trentenaire. Ils s'effaceraient presque aussitôt.
Voyant l'heure tourner, l'asiatique pressa le jeune homme pour la suivre chez elle afin de continuer la soirée. Après tout, ils s'entendaient
si bien. Et Vanessa avait le chic pour laisser supposer des choses avec si peu.
La louve sélectionna sur l'application un taxi qui viendrait les chercher tous les deux. Elle avait horreur de fournir des efforts surréalistes. Elle en fournirait bien assez lors de la pleine lune. Son instinct prendrait le dessus, mordrait, grifferait, croquerait le malheureux. C'était assez drôle en fin de compte toute cette préparation pour finir en sang, ébouriffée, sans une égratignure mais avec un ménage monstrueux à effectuer. Dire qu'elle ne pouvait le faire faire par son employée.
La séductrice hâta sa victime dans le taxi. Ils arrivèrent un quart d'heure après.
"Nous sommes arrivés dans ma demeure. Je vous fais visiter ? A moins que vous ne souhaitiez un autre verre ?" demanda-t-elle souhaitant garder sa précieuse image d'hôte bienveillante.
Il allait falloir trouver comment lui prendre son téléphone. La dernière fois, le précédent date avait tellement bien caché son portable qu'elle avait dû s'imposer des rondes bien longues pendant plusieurs jours puis l'abandonner vers un lieu de squat. Tout cela pour éviter que des policiers viennent fouiner chez elle. Oh, elle ne doutait pas des compétences des policiers, loin de là. Elle détestait juste les chiens, un peu trop zélés avec leur odorat.
- H.S. Pour ISKA:
Coucou! En m'appuyant sur "Dans la gueule du loup:" je me suis demandé s'il fallait que je prépare l'entrée en matière avant qu'ils ne partent chez elle. J'ai décidé d'inclure une partie et de faire une ellipse de ce date jusqu'à ce qu'ils arrivent chez elle.
S'il y a quoi que ce soit à changer, modifier, quelque chose qui ne te plaît pas, fais-le moi savoir ^^ Des bisous!
@Iska S. Manyeres