Devenir un loup

Tu ne t’y attendais pas, pas vrai ? Cette nuit-là tu ne veux pas t’en souvenir. Tu as tenté de l’enterré tout au fond de toi. Mais tu t’en rappelles comme si c’était hier. Je peux le leur raconter à tous tu sais. Toi tu ne veux pas.
Je vais m’y mettre. Tu as une douzaine d’années. Tu t’en rappelles?Tu t’étais déjà couchée dans ton lit et ta sœur dans le sien. Vous dormiez à cette époque dans la même chambre. Vos parents étaient en bas dans le salon en train de regarder la télévision. Vous les traitiez souvent de sourds à force d’augmenter le volume. Mais vous saviez que parfois c’était pour cacher leurs disputes.
Cette nuit-là fut particulière pour toi. Ou pour vous. Vous ne vous rappelez plus exactement comment ça s’est déroulé. Mais les cris ont été plus forts cette-fois-ci. Ce n’était pas habituel. Cela vous a réveillé. Ta grande sœur est sortie du lit. Elle t’a dit de rester. Tu avais tellement peur que tu avais pris ton doudou dans les bras pour te rassurer. Après tout t’étais qu’une gamine.



Soudain, des bruits sourds et la reprise des cris de terreur. Tu l’as entendue courir dans votre chambre et la fermer à double tour. La lumière de votre chambre, elle l’avait éteinte aussi vite et t’avait ordonné d’aller sous le lit. Elle est allée te rejoindre et elle chialait.
La suite ? Non, tu ne veux vraiment pas raconter ? Voyons, la partie la plus amusante arrive.
La porte a tremblé. T’as crié. Tu te pissais dessus. Ta sœur a mis sa main sur ta bouche, pour te faire taire. T’as enfin senti un liquide sur sa main. La porte a cédé. Et quel massacre. T’as pas vu voir grand-chose mais la douleur ça tu l’as senti. Tu t’es sentie projetée dans les airs. Tes jambes t’avais l’impression qu’on les avait râpées comme du fromage. Ta sœur c’était pas mieux.
Tu sais plus la suite, le choc, la douleur ont causé ton évanouissement.

Tu t’es réveillée à l’hôpital. Au début t’avais pas compris. Ensuite on t’a annoncé que tes parents et ta petite sœur étaient morts. Quoi ? J’avais oublié de la mentionner ? Pourtant c’est toi qui ne voulait pas t’en souvenir. Et oui trois morts pour une famille de cinq personnes. Un petit carnage. Au début, ils ont accusé ta sœur d’en être l’auteur. Puis toi. Mais les enquêteurs et les médecins ont abandonné cette piste. Les griffes, les touffes de poils étaient si nombreux qu’ils avaient pris en compte la thèse d’une cause animale responsable de votre grand malheur.
Ta sœur était une adulte elle a bien voulu te gérer. Une tante vous a hébergé, quelques temps.
Et cette après-midi, elle vous a approché.
Misty est venue à vous. Vous ne la connaissiez ni d’Eve ni d’Adam mais vous l’aviez déjà rencontrée. Elle vous a reconnue. Votre odeur. Elle vous a prévenue que ça vous arriverait.
Et cette nuit-là, ça vous est arrivé. C’est fois-ci, cette votre tante qui y est passée. L’horreur vous a submergé. Mais pour toi, l’horreur c’était d’être devenu le loup.




Misty est jeune mais ne s’excuse pas. De plus, elle est loin de vous aider avec votre nouvelle condition. Pire, elle s’en fiche.
Vous souffrez énormément autant physiquement que moralement de ces transformations. Toi plus particulièrement. Les policiers vous ont poursuivis presque sans relâche.
Finalement, c’est un “ami” de Misty qui se décide à vous aider après plusieurs mois. Tu ne lui as pas fait confiance. Toi, tu voulais te rendre et tout dire aux autorités locales. Ta sœur n’était pas de ton avis. Aller en prison à votre âge, elle était contre. Et puis finir sa vie en taule alors que ce n’était pas de votre faute ?
Cet ami est lui aussi comme vous, un monstre. Contrairement à Misty il vous enseigne quelques petits trucs. Il est loin d’aimer la manière dont Misty procède mais vous encourage tout de même à l’écouter, de loin. C’est lui qui vous installe dans ces cages métalliques, à ses côtés. Vous souffrez énormément mais moins qu’au début. Probablement parce qu’un adulte est là pour vous aider.

Le temps passe et il vous fait rencontrer sa meute. Tu comprends rapidement qu’il y a un système de rang. Pour l’instant tu es trop petite mais ta sœur en recevra un. Et oui, ce clan s’appuie sur les concepts des loups. Les loups Alpha sont un couple et ils sont loin d’être très heureux de ta présence. Ils ne voient même pas ton utilité. Ta soeur essaye de te protéger. Elle n’est pas considéré comme l’oméga toutefois celui-ci aimerait bien qu’elle prenne sa place.
Le couple décide même un jour que toute la meute devrait vivre ensemble. Dans un endroit très grand pouvant abriter tout le groupe. Avec bien entendu une grande étendue de terrain. Toi tu as presque quatorze ans lorsqu’on t’installe dans cette immense maison.
L’acceptation
Tu t’acharnes sur tes cours particuliers. Tu n'aimes pas ça. Ta sœur te pousse dans tes retranchements. Tu voudrais faire quelque chose de facile. Cependant, tu sais qu’un métier avec des compétences pouvant être considérées comme inutiles te seront fatales. Le couple est bien plus intéressé par ce que tu pourrais faire ou donner.


Par ailleurs, avec eux, tu ne peux plus juste exister les nuits où tu te transformes. Non, tu es obligée d’être dans les bois. Parfois tu tues des bêtes, des animaux très mignons et même quelquefois des humains. D’autres fois, tu commets des dégâts.

Tu ne te sens pas bien. Il faut le comprendre. Les meurtres sur les petits animaux tout mignon ça te fend le coeur. Enfin bon, il faut pas se foutre de la gueule du monde. Tu bouffes bien de la vache ou du porc. Pourquoi là tu chouines moins ? Parce qu’ils sont moches ? Oh et pour ces humains aussi. Enfin, certains ne meurent pas. Ils rejoignent votre groupe, lorsque le couple le décide.
Les bêtas, dont fait partie ta soeur, exécutent les malheureux qui ne sont pas acceptés dans le clan. Personne n’ose discuter de leurs ordres. Il parait que le couple est bien plus fort et qu’ils avaient tous deux flanqué une raclée à ceux qui avaient contesté leur autorité.

La vie continuait plutôt tranquillement. On suivait ta scolarité avec attention jusqu’à ce qu’on te découvre des capacités certaines pour la chimie.

Quand as-tu commencé à t’adapter à ton corps ? Certainement plus vers ta majorité. Tu es devenue une Gamma. Au moins tu n’étais pas un oméga. Le pauvre oméga subissait la plupart des bêtises des autres membres ou recevait une moins bonne part. Tu te posais des questions. Pourquoi celui-ci avait-il été choisi parmi les autres ? Visiblement la réponse semblait évidente. Il n’avait pas de compétences à proprement parler ou à apporter. De personne sans abri il était devenu: le concierge, le psychologue évitant des batailles entre d’autres membres mais également l’homme de ménage de votre grande maisonnée.

Tu t’étais approchée de lui, doucement. Vous n’aviez que cinq années d’écart. Ce qui facilitait beaucoup de choses.




Tu t’entendais bien avec l’oméga. Mais il ne fallait surtout pas que les autres le sachent. Et surtout pas ta sœur qui était complètement en adoration devant le couple Alpha.
Toi et l’oméga n’en pouvez plus. Par chance, vous vous rendez compte que certaines personnes ne veulent plus de ces rangs sournois. Tu te rends même compte que certains lorgnaient sur leur place depuis un moment mais qu’ils attendaient le moment propice.

Tu as vingt cinq ans et tu en as marre. Tu élabores un plan, une idée. Mais le plan est compliqué. Il te serait bénéfique si seulement il marchait. Tu en parles à demi mots à l’oméga. Il essaye de te convaincre par plusieurs moyens. Tu rejettes l’idée. Par peur ? Non. Par manque de moyens ? Non plus. Par lâcheté ? Peut-être. Non. C’est ta paresse. C’est elle qui s’est pointée. Trop difficile certes. Mais pas impossible.

Fâché, il part du groupe pour s’isoler. Il est seul. Tu ressens sa souffrance. Tu te sens comme lui, abandonnée. Ta soeur partage le même sang, les mêmes gènes mais elle est devenue une étrangère. Tu voudrais la retrouver. Tu es persuadée que ce sont ces rangs stupides qui vous ont éloignées.

L’oméga revient, il t’avoue qu’il a rencontré un autre clan. Oui, d’autres lycans qui souhaitaient rejoindre le clan mais sans ces histoires de classes. Ils veulent bien vous aider. Ils sont six, trois trentenaires, deux vers la vingtaine et un adolescent.  L’oméga tente de te persuader. Votre groupe possède quarante huit membres à ce jour. Certains ne se trouvent pas dans la maison, partis en chasse, partis recruter. D’autres, les plus importants se trouvent dans cette grande demeure.
Vous savez qu’il va falloir être prudent. Si vous souhaitez faire tomber certains fidèles et le couple le sang va devoir couler. Mais dans votre clan à vous, ceux qui souhaitent se rebeller, vous n’êtes que cinq. Vous savez pertinemment que vous ne vous en sortirez pas.

Le jour arrive. L’oméga a décidé de prendre sa revanche. Fini sa place de malpropre. Fini certains restes. Tout d’abord tu l’avais aidé. Tu t’en rappelles ? Tu avais introduit ce produit magique. On l’appelle le filtre de Morphée. Tu l’avais introduit dans la boisson de ceux qui étaient du côté du couple. Même pour ta sœur. Tu ne souhaites pas qu’elle participe à ce genre de choses.
Tu as même dilué le produit avant. vingt neuf personnes devaient dormir d’un sommeil profond. Tu n’avais que 5 potions en main. T’as fait ce que t’as pu. Enfin, tu aurais pu prévenir. C’est bête hein. Peut-être que tes alliés auraient pu aller en chercher un peu plus. Mais non.

Cette nuit fut une nuit d’horreur. Ton clan, du moins ceux qui étaient à la maison, ils n’en restaient que huit, toi y compris. Certains étaient blessés, d’autres endormis et d’autres morts. Vous n’aviez pas prévu que certains se seraient réveillés. Tout ça c’est par ta faute. Surtout que des cinq rebels vous n’êtes que trois à vous en être sortis.
Chez vos alliés ils étaient toujours six mais pas en très bon état. Toutefois, vous saviez que vous seriez assez forts pour recevoir les sept lycans qui allaient revenir d’ici quelques semaines.

Je pense que tu t’en souviens très bien. Ta sœur t’avait lancée un de ces regards si terrifiants, si glaçants que tu avais détourné les yeux. Tu n’aurais pas dû. Tu aurais dû la regarder, peut-être même la défier. Faire ce que tu aurais dû faire. Tu n’en avais pas envie. Tu te donnais des excuses. C’est ta fainéantise qui est la cause de ton grand malheur.
Oh oui vas-y pleure. Si tu avais fait le nécessaire, personne ne serait mort. Vous auriez pris le pouvoir plus simplement. Toutes ces pertes sont de ta responsabilité.



Pourquoi pleures-tu ? La culpabilité ? La honte de ton propre sang ?
Arrête et sèche tes larmes. Cela ne sert plus à rien. Tu pourrais raconter cette histoire. Ce n’est pas de ta faute ce qui est arrivé. Enfin si, en partie. En grande partie c’est de ta faute.

Il n’y avait plus de rangs. Vous aviez très bien accueillis les sept lycans. Certains s’étaient opposés, d’autres étaient partis. Enfin, certains étaient restés. Trois lycans sont restés parmi vous.

Il a tout de même fallu répartir certains rôles. Vous êtes dix-huit et vous avez instauré des règles. Toi tu étais bien contente, tu avais moins de tâches à faire. Le bonheur t’appartenait. Ton seul travail restait à travailler sur ton espèce, à trouver des solutions pour calmer la bête. Même mieux, à endormir les lycans.

Vous avez décidé de vous installer dans une ville pas très loin les uns et des autres. Vous voulliez vivre une vie avec les humains. Enfin lorsqu’on dit pas très loin on veut dire que le quartier le plus proche de la forêt vous avez acheté quasiment toutes les maisons. Vous avez même postulé pour des emplois. Toi tu es devenue un nez. Ton métier et tes capacités en tant que lycan t’ont grandement aidé. Tu as gagné ton propre argent. Tu as toujours adoré sentir les choses. Drôle de voir que tu sentais aussi certaines sensations, les tensions. Mais tu n’en avais rien à faire. Tu t’occupais uniquement de ce qui te regardais.

Et puis tu as finalement fait ce qui a horripilé ta sœur. Toi et l’oméga avez soudé d’autres liens. Te rappelles-tu de son doux nom ? Jeremy Orphan. Drôle de nom n’est-ce pas ? Ta sœur a haï votre relation. Tu sentais que les rangs avaient pour elle une signification bien précise. Si tu t’y étais intéressée tu aurais pu renouer avec elle, arrêter ce qu’elle avait préparé de son côté. Tu l’as laissée, trop occupée à dormir, à paresser, à vivre d’amour et d’eau fraîche. Ah, c’est beau l’oisiveté. Et tu vas le payer.

Tu as eu des enfants. Que c’est joli d’avoir des marmots qui braillent. Tout comme les autres lycans. Leur descendance est venue petit à petit égayer les petits bonheurs des uns et des autres. T’avais trente sept ans et trois enfants. Un enfant tous les deux ans, tu tenais visiblement bien le rythme avec Jeremy. Tu projetais même de faire un quatrième.
Arrête de pleurer. Tu ne les feras jamais revenir. Tu aurais dû écouter ton instinct. Il t’avais prévenu. T’as préféré vivre dans le mensonge tout simplement. T’as préféré renifler des odeurs pour ton boulot, sentir les couches de tes gamins et profiter de ton bonheur si parfait. Un jour tu es partie faire un  truc normal, faire les courses. Ton aîné avait terriblement besoin de kinder. Ton compagnon lui voulait que tu achètes un poulet et des patates pour ce soir. Une journée habituelle. Tu étais assez fatiguée.

Quoi ? Tu ne veux pas en entendre parler ? Si si, il faut que je raconte le tout. Au moins pour nos lecteurs qui nous lisent. Ils veulent tous savoir qu’est-ce qu’elle t’a fait et de quoi tu es responsable. Il faut y arriver. Et tu devrais franchement arrêter de m’interrompre. Les pleurs ça émeut surtout les plus petits. Toi t’as la quarantaine.

Tu es revenue et tu as senti cette horrible odeur. Tu le savais. C’est toi le nez de la bande. C’est ton métier. Tout ton quartier sentait le sang. Que ce soit le sang des humains ou des lycans. Ta plus grande horreur c’est lorsque tu es arrivée chez toi. La tête de tes enfants gisait au sol comme celui de Jeremy. Tu as vu ta sœur arriver avec ton petit dernier dans ses bras. Ton tout petit bébé était entre ses bras. Tu pensais qu’elle avait pu sauver ton dernier enfant. Il n’en fut rien. Devant tes yeux ton dernier enfant a connu le même sort que tout le reste de ta famille.

Ta sœur, ton propre sang, avait regroupé des lycans afin d’exterminer les loup-garous qui s’opposaient à son idéologie. Elle n’avait laissé aucune chance aux récalcitrants ou à ceux qui abdiquaient. Tu savais que quelque chose se tramait depuis un moment. Ton instinct ne t’avait pas trompé. Pourtant tu as laissé faire le tout. Tu as pu assister au retour des rangs. Tu es devenu ce qu'était auparavant ton mari un simple oméga. Tu es devenue la cible de moqueries et de mauvais traitements. Et ta soeur y participait de bon coeur. C’était même elle la pire. T’as essayé en vain de recoller les morceaux. Faut-il être stupide pour voir qu’on ne peut pas réassembler un corps comme un puzzle. T’y croyais tellement.

La rancœur est venue s’installer. Tu ne comprenais pas comment elle pouvait et avait pu être aussi odieuse. Ton sang t’avait plongé dans un enfer. Elle souhaitait te montrer que tu n’étais rien. Tous ces corps, tu as dû tout nettoyer. Tu en as vu des choses, tu préfères ne pas t’en souvenir mais tu sais que c’est là dans un coin de ta tête.



On te laissait travailler. On te prenait ton argent.  Tu gagnais assez bien ta vie. Tu étais lessivée d’être sous le joug de cette meute. Tu croyais qu’un jour ta soeur te tuerait comme elle avait pu le faire pour tes enfants. Le pire ? Tous ces lycans recommençaient à s’en prendre à ces humains. Ils les transformaient ou les tuaient. Alors que toi, t’avais fait en sorte d’éviter ces transformations. T’avais pas voulu perpétuer ces morsures.
Oh d’ailleurs ais-je déjà pu parler de ta soeur ? Son prénom c’est bien Gina. C’est assez drôle lorsqu’on voit la signification de son prénom. Tu devrais t’en intéresser. Oui, toi qui lit cette présentation. Jette un coup d’oeil. Mais rapide. Il ne faudrait pas non plus te sortir de cette histoire. Je te rassure, c’est bientôt fini.
Toi tu révèleras peut-être ton prénom un jour. Bref j’en reviens à toi ma petite. Il faut bien expliquer la suite.
Lors d’un de tes voyages professionnels tu essayes de te renseigner sur des moyens pour pouvoir cesser ta soeur et la meute. Seule contre tous tu ne peux rien. Il faut que tu en apprennes plus sur les moyens que tu as à ta disposition pour t’en sortir.

Tu lis des ouvrages sur ton espèce. Tu sais que l’argent c’est votre point faible. Mais tu ne peux utiliser des couverts contre les lycans, toi aussi ça te porterait préjudice. Au final tu te poses des questions. Peux-tu avoir recours à un chasseur ? Cela serait plus simple.

L’idée est lancée mais comment en connaître un ? Les annuaires n’existent pas. Tu te lances à la recherche d’un de ces chasseurs. A la place, tu rencontres, uniquement lors de tes voyages professionnels - car ta meute t’interdit les loisirs, les voyages, de peur que tu ne cherches une quelconque aide- des personnes dotées. Le surnaturel tu l’apprends. Tu rencontres des vampires, des démons. Tu fais fuir les vampires alors que tu t’en fiches d’eux. Tu n’as même pas envie de leur foutre un coup de patte. T’aimes pas jouer avec des proies. Tu te fais même arnaquer par l’un d’entre eux. Le sale boulot il va falloir que tu le fasses. Toi qui détestes mettre tes mains dans le camboui, tu risques de le faire. Mais tu ne vois toujours pas comment combattre ton propre clan toute seule.
Un jour, une bien heureuse rencontre te permet de te mettre sur la place d’un de ces chasseurs. Cette personne est même assez aimable pour t’y amener.
Tu auras passé plus de deux ans à le chercher. Et enfin tu le rencontres.




On dit souvent que la première rencontre délivre les premières impressions. Lui, il a senti tes poils, ton odeur de loup. Il a tout de suite sorti son flingue prêt à te tuer de suite. Tu as hurlé comme un petit caniche qu’on égorge.
Oh, ne me regarde pas comme ça. Tu n’étais pas dans un très bel état. Tu étais même à terre à prier sa clémence.
Il a entendu tes petits kaï kaï. C’était beau. Tu as expliqué que tu n’étais pas là pour le tuer. Tu lui as fourni ta requête. Il ne t’a pas crue. En pleurs tu lui as demandé de te tuer parce que tu ne pouvais plus survivre sans tes proches et que ta soeur ne l’était plus.

Tu as su toucher son coeur. Il n’aurait pas dû.

T’as trente neuf ans t’as comme qui dirait trouvé un allié. T’arrives à communiquer avec les moyens humains, le téléphone par exemple. T’arrives à le trouver à vos petits rendez-vous. Tu essayes même de le séduire. Quelques fois t’y arrives assez bien, il tombe doucement dans ton piège. Quelques fois, il se souvient de ta nature et te repousse. Il te menace parfois avec ses potions. Tu renonces mais t’essayes de raccourcir les mètres vous séparant. Tu veux mettre toutes les chances de ton côté. Tu mets le paquet lorsque tu le revois. Tu te fais belle, tu te maquilles, tu te mets en valeur. Tu n’as peut-être pas tes chaleurs mais tu cherches à allumer quelque chose en lui. Après l’avoir travaillé pendant quelques mois tu y arrives. Il te trouve touchante et même entreprenante. C’est assez drôle pour une femme qui avait à peine levé le petit doigt il y a quelques années. Jeremy Orphan serait tellement fier de toi, s’il n’était pas mort décapité par sa belle-soeur.
Tu essayes de le projeter dans une vie avec toi tout en faisant des galipettes. Un peu de sport, un peu de projets et on recommence le tout. Tu le laisses imaginer certaines choses. Toi aussi t’imagines ta vie, pas obligatoirement avec lui. Néanmoins, petit à petit t’imagines ta vie à ses côtés. Il n’est pas comme Jeremy mais il a ses bons côtés. Tu t’y crois un peu. Tu as craint les humains, lors de cette chasse par les policiers. Tu en as eu peur. Tu as cru qu’ils voulaient tous te tuer d’où cette idée de meute. A ses côtés, maintenant tu as moins peur. Il te semble plus rassurant.
Vous convenez d’un moment pour lancer votre attaque. Tu le quittes en l’embrassant une dernière fois avec les petits cadeaux qu’il t’a donné. Ils vont t’être utiles à l’avenir.



Un chasseur sachant chasser tuera ses cibles. Ton chasseur t’a chargé d’annihiler les pouvoirs de tes semblables. Tu ne vas pas te priver. Tu as appris de tes erreurs. Tu en verses une grande quantité dans les plats que tu prépares. Etrangement, on ne te fait plus confiance pour les boissons mais pour la cuisine ça passe.

A l’heure convenue, il arrive, il tire. Ils tentent de se défendre. Toi, tu te caches derrière un canapé. Ce qui est le plus alarmant, ce ne sont pas les cris de ces humains maudits par cette malédiction poilue, c’est la présence de ces deux autres chasseurs. Il ne t'avait pas du tout prévenue. Tu le regardes assez ébahie. L’un d’entre eux te voit. Tu ne penses même pas à te cacher. Il tire sur toi. Tu hurles de douleur. Tu n’entends plus. Par bonheur ou grand malheur, il a atteint ton bras. Tu jettes un regard assassin à l’homme avec qui tu as partagé ta couche. Il t’a trahie. Tu pars dehors, tu veux t’échapper de cet enfer. Tu t’es jetée dans la gueule du loup, c’est peu de le dire. Néanmoins, un élément perturbateur t’empêche de continuer ta fuite. Oui, Garcia. Tu l’avais oubliée celle-là non ?

Même si ses pouvoirs de lycan ne fonctionnent pas, le marteau si. Elle te frappe, tu entends même ton os crier. Tu l’as vue jeter le marteau pour prendre une hache. Tu as déglutis pensant ton heure arrivée. Tu as entendu le coup de feu et tu as vu le point rouge sur le front de ta sœur.
Tu as regardé derrière elle, c’était lui. Il a dit qu’il te laissait deux minutes et qu’après il te courserait comme jamais. Tu as pris la voiture et tu es partie sans demander ton reste. Tant pis tous ces souvenirs, vêtements.




T’as pleuré dans ta voiture. Beaucoup. Tu pensais qu’il allait t’aider. Tu y croyais un peu à tes histoires à l’eau de rose. Il t’a dupée, toi la femme qui tentait de le piéger. Tu voulais juste l’utiliser pour ta meute. Après t’aurais vu. Peut-être même que tu te serais encore jetée dans ses bras. Tu es en colère et blessée. T’hésites à aller dans un hôpital. Finalement, tu vas voir un vétérinaire. Tu le menaces, lui raconte ce qu’il s’est passé. Il promet de ne rien dire. Pour ses loyaux services rendus, tu le tues. Tu as fait confiance à ton chasseur, ça ne t’arrivera plus. Mais la balle en argent qui avait traversé ton bras, tu la ressens toujours.

Tu fuis, de contrées en contrées, tu laisses certaines traces. T’essayes d’être discrète mais ils te retrouvent. Et l’argent commence à manquer. Il faut absolument que tu travailles à nouveau. Tu recontactes une des personnes que tu avais connues lorsque tu cherchais ton chasseur. On te donne la ville de Sunnydale. Avant d’y aller, tu laisses des indices sur d’autres villes. Tu payes même plusieurs personnes pour te faire passer pour toi. Une asiatique ou une autre, certains n’y feront même pas attention. Tu espères de tout coeur que ce petit jeu durera assez longtemps pour que tu puisses disparaître. Tu vends même ta voiture et tu achètes un espèce de van aménagé. On est loin de la vie de princesse que tu attendais. Surtout avec cette blessure qui te lance toujours un peu dans ton bras.
Tu arrives à Sunnydale. Tu as quarante et un ans, tu es veuve et une mamange de trois enfants. Tu es terriblement en colère contre ces humains. Tu changes d’identité. A ta naissance tes parents t’ont nommée Wendy Im. Dorénavant on te nommera Vanessa Lim.

Maintenant tu as décidé que tu ne te laisserais plus faire. Tu as cherché un travail en tant que nez et tu as pu en trouver un. Tu as retrouvé une situation financière assez stable. Cette ville pue le surnaturel. Toutefois, tu te sens assez en sécurité. Il y a tellement de créatures par ici que tu es ravie de t’y être installée. Tu as même pu acheter une maison avec une très grande cave ainsi qu’un petit bunker. C’est parfait pour ton plan.
Tu vois maintenant ce que tu veux. Tu vas séduire ces maudits humains. Tu vas leur faire vivre la journée la plus palpitante de leur vie. Ensuite, le soir venu, tu te transformeras en monstre. S’il s’avère qu’ils survivent, ils pourront s’accoupler avec toi. C’est ce que tu as décidé.

Quoi encore ? Tu n’aimes pas ce terme ? Ne fais pas comme si ce n’était pas ton idée.

Où en étais-je ? Ah oui à l’accouplement. Tu ne prendras que les plus forts, les survivants bien entendu. Les autres, tu les tueras. Pourquoi tu fais ça déjà ? Ah oui, pour retrouver ce semblant de vie de famille. Mais qu’arrivera-t-il à ces hommes transformés en lycan ? Ne voudront-ils pas te tuer de leurs propres mains pour ce que tu leur auras infligé ? N’y as-tu jamais songé ? Pourquoi voudraient-ils rester avec toi après cette nuit d’horreur que tu souhaites leur faire passer ?
Les loup-garous ? Tu tueras les femmes, trop dangereuses. Tu as compris la leçon avec Misty puis avec ta sœur. Tu aimerais les voir comme des alliées, des personnes de confiance. Tu ne peux pas. Tu ne te sens plus vraiment en sécurité.
D’ailleurs en parlant de femmes, tu as revu Misty. Vous vous êtes remémorés de bons souvenirs. Tu as feins des petits rires. Tu te souvenais qu’elle était la cause de tes grands malheurs. La mort de tes parents, de tes sœurs, de tes enfants, de ton mari et même de ta condition. T’as essayé de voir ce dont elle se souvenais. Comme tu l’avais pensé, elle n’avait aucun remord. Tu as même appris qu’elle avait revu ta sœur et qu’elles avaient eu une discussion. Tu apprends que c’est Misty qui a mis ta soeur en contact avec d’autres lycans. Qu’elle est l’investigatrice de ce qui est arrivé à ta famille.

Tu as conclu d’un autre rendez-vous. Chez toi, tu as pleuré comme jamais, comme aujourd’hui. Tu ne sais pas ce qui lui a pris mais tu as décidé de te venger. Jamais plus elle ne pourrait faire du mal à qui que ce soit. Le jour j, tu lui as fait boire cette potion. Tu l’as achetée dans une petite boutique, au Magic Box. Au moins cette coucherie avec le chasseur t’aura amenée à connaître cette potion. Tu lui en as donné. Et cette nuit, elle ne s’est pas transformée, toi si, elle a souffert le martyre. Au soleil levant, elle te suppliait de l’achever. Tu es restée silencieuse comme elle pendant toutes ces années. Tu te souviens de son inaction, de la détresse ressentie lorsqu’elle t’avait délibérément laissée dans ton état. Peut-être que si Misty était intervenue que tu ne serais pas dans une telle situation. Tu lui as craché dessus. Tu l’as laissé agoniser dans cette cave. Tu l’as laissée geindre pendant plus de deux jours. Toi aussi t’avais aucun remord. Tu as même sourit.

Oh et les mâles loup-garous ? Les hommes tu leur laisseras une chance pour concevoir un petit. Peut-être même une alliance. Les hormones les guideront vers toi. Mais tu les prendras fort. Il ne faut pas qu’ils meurent.
Aujourd’hui ? Tu es encore à Sunnydale, tu dépenses beaucoup d’argent. Tu te fais belle. Tu aimes plaire et te plaire. Tu essayes d’oublier ton passé.

Tu as tué pas mal d’hommes. Aucun n’est encore jamais allé jusqu’à ton lit et même dans ton cœur. Tu te désespères de ces hommes. Quelques fois tu aimerais qu’ils vivent. Mais ils se révèlent assez insignifiants. Certaines fois, tu as décidé de faire la justicière, t’as accepté des dates minables avec des criminels. Des hommes qui ont agressé, violé des humains. C’est pas que tu supportes pas. T’as été humaine à un moment de ta vie. Tu ne peux que comprendre.
Quelques fois, tu laisses les humains tranquilles lors de ces nuits si particulières. Tu fais l’achat d’animaux qui ne sont plus en état, qui finiront à la boucherie. Bref, tu les achètes, tu les mets dans ta cave. Et ces nuit-là, les pauvres n’en ressortent pas vivants. Mais tu assouvis cette faim, ce comportement de prédatrice qui t'habite.

Et tu es là devant moi. Tu te trouves sur ton canapé. Dans chaque pièce que j’ai pu visiter, il y avait un diffuseur d’odeurs. Quelque chose d’un peu différent. Ce qui est assez singulier c’est ta décoration. Toutes tes pièces sont d’un blanc immaculé. La décoration est très épurée, très sobre. C’est comme si tu avais décidé toute seule que personne ne saura qui tu étais.
Visiblement, tu aimes également écouter les chaînes d’ASMR. Des bruits  Peut-être que cela te détend j’imagine. Tu sembles décorer ta maison d’odeurs et de sons c’est bien cela ?

Tu gardes le silence. Est-ce pour que je ne devine pas tes plus sombres pensées ? Qu’es-tu en train d’imaginer ma jolie ? Quels sont tes plans pour Sunnydale ? Penses-tu finalement à reformer une meute de loups ? Que regardes-tu par la fenêtre ? Vois-tu défiler ton passé ? Regardes-tu tes voisins ? Imagines-tu ta vie d’avant avec tes enfants ? Rêves-tu du prochain homme qui tombera dans le panneau ? Dis-nous tout.