Assise sur le siège passager, Coraline avait vu Crestwood et l’agence s’éloigner non sans une certaine nervosité. Elle ne savait si c’était dû à sa nature de fantôme ou au fait d’avoir passé de longs mois seule, mais elle avait cette impression d’être rattachée profondément au lieu où elle habitait, au point qu’en partir devenait presque douloureux. Sans compter qu’elle n’avait plus quitté la ville depuis longtemps. C’était si étrange de partir si soudainement en virée, même si ce qui les attendait n’avait rien de vacances. Elle resta attentive aux explications d’Elkan, qui lui relatait un scénario digne d’un film d’horreur. Ce qui se trouvait sur place devait être puissant pour pousser des gens à tuer, ou à se suicider… du moins d’après sa petite expérience.

Plus ils s’éloignaient sur ces chemins escarpés, plus elle avait un mauvais pressentiment. A moins que ce ne soit tout simplement l’idée de leur destination qui lui monte à la tête. Elle regardait la route sans vraiment la voir, réfléchissant à ce qui les attendait. Identifier la menace donc. « On va être assez de deux contre un truc pareil ? » Elle admettait plus ou moins qu’elle avait peur, mais peu importait. Elle avait envie d’être utile, seulement le plan de reconnaissance, elle ne le sentait pas.

Elle le sentit encore moins lorsqu’ils arrivèrent devant l’hôtel après quelques kilomètres de silence sur une route particulièrement dangereuse. Elle sortit de la voiture et s’avança de quelques pas, son échine parcourue d’un frisson. Difficile de savoir si elle sentait quelque chose, ou si c’était tout simplement l’aspect sinistre de la bâtisse qui lui inspirait cette sensation d’effroi. Elle esquissa un sourire amusé à la plaisanterie du nécromancien, plus par nervosité que parce qu’elle trouvait ça vraiment drôle. « Au moins on ne va pas s’ennuyer. »

Elle prit une profonde inspiration dans une tentative de se rassurer alors qu’ils marchaient jusqu’à l’entrée, sur le chemin rongé par les mauvaises herbes. « Est-ce qu’il t’a parlé d’un meurtre, ou d’un accident qui aurait eu lieu ici ? » Elle se demandait surtout pourquoi il tenait à garder un endroit pareil. Aucune personne saine d’esprit aurait envie de passer la nuit ici. Elle même n’en avait pas envie, mais le travail était le travail après tout. Et elle continuait de se répéter intérieurement qu’il ne pouvait de toute façon rien lui arriver. Du moins, elle l’espérait.

La porte d’entrée était incroyablement lourde à pousser, bloquée par des décennies de crasse et de mauvaises herbes et émit un grincement tout droit sorti des Enfers en s’ouvrant. La première chose que remarqua Coraline fut cette affreuse odeur de renfermé qui la prit à la gorge. Et la poussière. Beaucoup de poussière. Les vitres étaient si sales que le hall d’entrée était déjà presque plongé dans l’obscurité, alors même qu’il faisait encore jour. Mais elle parvenait tout de même à distinguer le sol de marbre, les ornements aux murs et au plafond qui laissaient deviner que l’hôtel avait autrefois dû être un très bel endroit.

Elle s’avança, regardant tout autour d’elle avant de se tourner de nouveau vers Elkan. « On procède comment ? On visite en espé… » Elle fut interrompu par un craquement sonore provenant du plafond qui la fit sursauter. Elle regarda en l’air, bien évidemment sans rien voir. Le bruit devait provenir du plancher au dessus. Sur le coup elle aurait juré que c’était un bruit de pas, mais à la réflexion elle n’en était plus si certaine. « C’était quoi ça ? » 

Plus les minutes passaient et plus elle était envahie d’un profond malaise. Elle n’avait pas encore suffisamment confiance en ses perceptions pour savoir si ça venait d’elle et de ses peurs, ou si vraiment il y avait quelque chose dans cet hôtel qui déclenchait cette impression. Elle en était si préoccupée qu’elle réagit à peine au geste d’Elkan, encore moins à sa gêne qui, en temps normal, n’aurait pas manqué de l’intriguer. Mais là, c’était comme si le bâtiment prenait son énergie, son attention, et ce avant même qu’elle y soit entrée. Et ce fut bien pire une fois à l’intérieur. Elle ne cessait d’observer l’endroit, à la fois fascinée et repoussée.

D’après le sorcier, elle avait été le lieu d’un enchainement de catastrophes. Coraline n’en était pas surprise. Il y avait quelque chose de presque… maléfique dans cet endroit. Elle n’aurait su dire pourquoi. Elle aurait aimé avoir eu plus de temps pour faire des recherches en amont, savoir exactement ce qu’il s’était passé ici, qui avait été tué et dans quelles circonstances. Mais ça aurait sans doute pris des jours et Elkan avait l’air plutôt pressé de résoudre ce mystère. Mystère qui s’était d’ores et déjà manifesté. Priant pour que ce soit le fait d’un squatteur et rien de plus - mais sans vraiment y croire -, la fantôme saisit la lampe qu’il lui tendait. Elle aurait presque préféré qu’ils fassent demi tour et rentrent à l’agence. Mais elle n’avait pas envie de se dégonfler devant lui alors que pour une fois il avait accepté de l’emmener sur le terrain. Qu’est-ce qu’il penserait d’elle ?

Elle acquiesça donc d’un signe de tête et le suivit dans les escaliers grinçants. Elle aurait sans doute pu se déplacer directement à l’étage, mais elle n’avait aucune envie d’apparaitre soudainement dans une pièce qu’elle ne connaissait pas, surtout ici, sans savoir ce sur quoi elle allait tomber. Et puis la présence d’Elkan devant elle la rassurait. Elle osait à peine regarder sur les côtés, contempler les murs ornés de tableaux dont on parvenait à peine à distinguer le sujet tant la poussière les avait envahis. Pourtant, elle était surprise de constater qu’à part la saleté, tout paraissait être relativement en bon état. « Je ne sais pas… J’ai l’impression d’entendre comme des murmures, mais je n’arrive pas à comprendre s’il y a un sens. » Ce qu’elle disait lui sembla tout à coup absurde. Son imagination devait lui jouer des tours, une fois de plus.

Il n’empêche, elle se sentit clairement observée lorsqu’ils arrivèrent à l’étage, au point qu’elle fit volte-face, mais sans voir personne. Elle se tourna de nouveau vers la porte qui lui sembla soudain terrifiante, malgré son aspect plutôt banal. Elle ne put s’empêcher de se rapprocher de lui lorsqu’il l’ouvrit, que cet affreux grincement retentit. Elle regarda sur le côté afin de contempler l’intérieur de la chambre, mais rien. Tout semblait parfaitement normal, du moins aussi normal que ça pouvait l’être dans de pareilles circonstances. Elle entra également et au moment où elle passa la porte, cette impression d’être observée s’intensifia, sans qu’elle ne parvienne à comprendre d’où elle venait. En revanche, elle entendit parfaitement, elle aussi les sanglots et fut rassurée de ne pas être la seule. « Oui… Tu penses qu’il y a vraiment quelqu’un, ou bien… »

Le claquement sonore provenant du rez-de-chaussée la fit violemment sursauter. Tout comme lui, elle avait reconnu le grincement propre à la porte principale. Ils étaient bel et bien piégés, dans on ne savait quelle antre de l’horreur. Elle échangea avec lui un regard, avec l’impression qu’ils étaient deux condamnés s’étant jetés la tête la première dans un piège.

Elle ne devait pas paniquer. Mais les sanglots se faisaient de plus en plus fort et eurent pour avantage de la distraire au moins un peu de l’absence d’échappatoire. Ils s’en occuperaient lorsque le moment viendrait. En attendant, elle posa les yeux sur une porte tout juste entrouverte, dans le fond de la chambre et la pointa du doigt. « J’ai l’impression que ça vient de là. C’est sûrement la salle de bain. » Sa voix se mit à flancher en fin de phrase, sans qu’elle parvienne à la contrôler. Décidant cependant de prendre son courage à deux mains, elle s’avança. Elle essayait de se persuader qu’il s’agissait peut-être d’une personne en chair et en os, perdue et piégée, tout comme eux. Une personne qu’ils devaient aider. Alors que tout son être lui soufflait de ne pas y aller.

Elle avança de quelques pas et alors qu’elle s’approchait, la texture du sol lui parut différente, comme si elle avait marché dans une flaque. Elle abaissa la lampe, dont le faisceau éclaira en effet une étendue liquide, rouge et poisseuse qui s’échappait du dessous de la porte. Elle recula, horrifiée, et plaça sa main devant sa bouche pour ne pas crier. Puis, elle se tourna vers Elkan, ’n’osant plus regarder à l’intérieur de la pièce, qui effectivement semblait être une salle de bain. Elle ne s’était pas rendue compte que les pleurs avaient cessé, ni qu’une silhouette se dessinait juste derrière elle…

Il la regardait, ou plutôt, il fixait quelque chose au-dessus de son épaule. Elle sut immédiatement qu’il y avait une présence derrière elle, tout en étant incapable de se retourner, ou même de faire un pas. C’était comme si ses pieds étaient collés au sol. Il fallut qu’il la saisisse par le bras et l’entraine derrière lui pour qu’elle retrouve sa mobilité. Et puisse profiter de l’épouvantable spectacle qui se déroula devant ses yeux. La vision de cette femme, maculée de sang qui la fit frissonner d’horreur. Ces mots qu’elle prononçait s’inscrivirent sans qu’elle sachent pourquoi dans tout son être. Instinctivement, elle sut qu’ils étaient importants, même si elle ne les comprenait pas encore.

Mais le pire était à venir. Il y eut d’abord ce regard voilé de blanc, puis la petite fille qui fit son entrée à son tour. Sans raison objective, cette enfant l’effrayait bien plus que la femme. Et lorsque les esprits commencèrent à se dégrader sous leurs yeux, elle fut incapable de détourner le regard. Si elle avait été encore en vie, il est certain qu’elle aurait fait une crise d’angoisse et seule la présence d’Elkan lui permettait en cet instant de ne pas céder totalement à la panique. Elle pouvait sentir que lui aussi n’en menait pas large, jusqu’au moment où il lui attrapa la main pour l’entrainer hors de la pièce.

Elle crut qu’elle était sur le point de vomir, ou de s’évanouir, bien qu’elle ne puisse faire aucune de ces deux choses. A défaut elle s’appuya contre le mur et ferma les yeux quelques instants, mais elle ne cessait de revoir ces corps en décomposition. Elle regarda alors le nécromancien, se rassurant comme elle le pouvait alors qu’elle tremblait de tous ses membres. Elle avait toujours détesté les films d’horreur, et voilà qu’elle se trouvait projetée dans l’un d’entre eux. Sauf que cette fois-ci, c’était bel et bien réel. « Oui. » lui répondit-elle, même si ce n’était pas tout à fait vrai. « Et toi ? » Elle espérait trouver en lui une forme d’assurance, quelque chose qui laisserait penser qu’il savait à quoi ils avaient à faire. Mais il paraissait aussi perdu qu’elle, ou presque. Elle aurait aimé pouvoir échanger avec lui, réfléchir à quoi tout cela pouvait signifier, mais elle était à peine capable de prononcer un mot.

Elle s’accrochait à sa main comme à une bouée de sauvetage. En temps normal, elle aurait été affreusement gênée de ce contact étant donné leurs liens professionnels, mais en cet instant elle ne l’aurait lâché pour rien au monde. Il lui offrait une option de sortie des plus tentantes. Rentrer à l’Agence, ne plus jamais penser à cet endroit effroyable. Mais elle ne pouvait pas l’abandonner, l’idée même lui semblait inenvisageable. Bien plus qu’elle, il risquait sa vie, et elle ne pourrait supporter de ne pas savoir ce qui allait lui arriver tout en étant elle-même en sécurité. Il fallait qu’elle se reprenne. « Non… on continue. Et puis… » Depuis qu’ils étaient sortis de la chambre, les murmures se faisaient plus présents. Plus distincts aussi. « Je ne crois pas qu’on nous laisse partir si facilement. Je commence à mieux les entendre. Ils m’appellent. Et toi aussi. »

Ce n’était pas bon signe, n’est-ce pas ? Elle avait l’impression que les murmures avaient une origine, devant eux. Prenant son courage à deux mains, elle pointa le faisceau de sa lampe sur le couloir et éclaira une porte rouge, qui se trouvait tout au bout. Elle aurait pu jurer qu’elle n’y était pas lorsqu’ils étaient arrivés. « Je crois que les voix veulent qu’on aille là. » Elle le regarda de nouveau, inquiète. Pas besoin d’avoir des années d’expérience pour comprendre qu’il s’agissait sans doute d’un piège.

Sans lâcher sa main, elle avança d’un pas. Au moment où son pied se posa sur le sol, les lumières du couloir s’allumèrent, dévoilant une décoration sobre et de bon goût quoiqu’un peu démodée. Le genre qu’on aurait pu observer dans un hôtel de grand standing. La porte rouge cramoisi détonnait d’autant plus dans ce décor. Mais le plus étrange était qu’il n’y avait pas la moindre trace de poussière, ni d’usure. L’endroit semblait avoir été tout juste récuré du sol au plafond. C’est simple, on aurait pu croire que l’établissement n’avait jamais fermé.



Coraline, stupéfaite, se tourna vers Elkan. « On fait quoi ? » Une musique d’ambiance s’éleva, aux accents de jazz. Les notes enlevées résonnaient, sans doute destinées à mettre du baume au coeur des clients. Pourtant, la fantôme trouvait cette mélodie résolument sinistre.

Il les entendait aussi. Sentait ce qu’elle même ressentait. Au moins elle n’était pas en train de devenir folle, c’était plutôt rassurant. Ce qui l’était moins, c’est ce qui était en train de se passer. Elle aimait encore moins l’hôtel maintenant qu’il semblait flambant neuf, quoique franchement démodé. Et la musique lui vrillait les tympans, ne faisant que l’angoisser davantage. Elle se retourna, suivant le geste d’Elkan, pour contempler le vide qui se trouvait derrière eux. Il avait raison, le lieu était vivant. Et il l’appelait, elle le sentait. Non, il ne l’appelait pas. Il l’invitait et de manière de plus en plus poussée. Elle n’était pas certaine qu’il accepte facilement qu’elle lui réponde par la négative.

Elkan souriait, semblait sûr de lui. Elle savait qu’il voulait avant tout la rassurer, mais la confiance qu’il exprimait finit par la contaminer et elle lui sourit en retour, répondant tout de même avec un certain sarcasme dans la voix. « Aucun doute là-dessus, tu dois sûrement voir des hôtels vivants tous les jours. » Dans sa tête pourtant, les questionnements s’accumulaient. Qu’est-ce qui donnait vie à cet endroit ? Voulait-il quelque chose ? Et si oui quoi ? Coraline se trouvait dans l’incertitude la plus totale, en territoire inconnu. Jamais elle n’avait pensé qu’il soit possible de trouver un bâtiment doté d’une conscience et de sa volonté propre. C’était difficile à imaginer, et pourtant c’était ce qu’ils allaient devoir affronter. Et comment vaincre un hôtel ? Décidément, elle avait beau fricoter avec le surnaturel depuis quelques mois maintenant, elle en apprenait toujours plus chaque jour.

« D’accord on y va. » Sans le lâcher d’un pouce, elle marcha à ses côtés jusqu’à la porte. Elle avait beau ne plus avoir de coeur, elle avait l’impression de le sentir tambouriner dans sa poitrine. Elle avait peur de ce qu’il y aurait de l’autre côté, et pas seulement pour elle. Elkan avait beau être le plus aguerri des deux, avoir le plus de sang-froid dans cette situation, il n’en était pas moins le plus vulnérable. Il pouvait être blessé et même mourir, contrairement à elle. Peut-être aurait-elle dû entrer seule par cette porte, derrière laquelle elle sentait que quelque chose de terrible les attendait. Ils échangèrent un long regard lorsque celle-ci s’ouvrit toute seule. « Elkan… »

Mais il était déjà entré, et elle suivit ses pas. Elle s’était attendue à un danger, un monstre ou quelque chose de l’ordre de ce qu’il y avait eu précédemment, mais pas à ça. Cette chambre si propre et bien rangée, si luxueuse et qui invitait à la relaxation si on oubliait les cadavres qui jonchaient le lit, le canapé et le sol. Elle était infirmière autrefois et avait vu pire que des blessures par balles, mais la mise en scène était absolument macabre. Elle eut besoin de quelques instants pour tout digérer, avant de commencer également à examiner les corps de plus près. Elle saisit doucement la main de l’un des cadavres allongés sur le lit. Il avait sur la peau des traces de poudre et le bout de ses doigts étaient brûlés. « On dirait que celui-là a tenu une arme à feu. » Les blessures étaient très impressionnantes et elle commençait à se demander s’ils ne s’étaient pas tous entretués. Soit ça, soit un fou armé était brusquement entré dans la pièce.

« Coraline. » Elle leva les yeux vers Elkan, mais il semblait occupé à fouiller la pièce. « Coraline ! » Les voix s’intensifiaient, semblant provenir d’un magnifique miroir au fond de la pièce. Le cadre était doré et finement ouvragé. Enjambant les corps, elle s’approcha, comme hypnotisée par son propre reflet. Une pensée finit malgré tout par s’éveiller. Depuis quand son image pouvait-elle apparaitre dans une glace ?

Soudain, son reflet sembla s’animer de lui-même. La Coraline face à elle afficha un sourire en coin et baissa les yeux vers sa main droite, l’invitant à regarder de ce côté. La fantôme s’exécuta, constatant qu’elle tenait désormais une arme à feu. Et soudain tout changea. Parce qu’elle savait ce qu’elle devait faire. En fait, elle n’avait pas le choix.

Elle ne pouvait être possédée, mais on lui murmurait des histoires, des pensées, jouant avec ses peurs les plus profondes. Le bruit était devenu bien trop fort pour qu’elle puisse se focaliser sur ses propres pensées, ou même les retrouver. Elle était soudain animée de toutes autres certitudes. Elle se détourna du miroir et fit quelques pas en direction du sorcier. « Pourquoi tu m’as emmenée ici ? » Son regard se durcit et elle se rapprocha encore. « Ne me mens pas. Je sais que tu comptes m’abandonner ici. Comme tout le monde. » Comme une automate, elle leva le bras et brandit le canon de l’arme droit sur lui. Elle qui n’avait jamais touché un revolver de sa vie parvint sans difficulté à en ôter le cran de sécurité. « Je dois le faire. Tu m’as trahie. Je dois le faire. » Tandis qu’elle menaçait Elkan, les lumières de la pièce se mirent à vaciller, les plongeant par à-coups dans l’obscurité. Mais la fantôme, loin de détourner le regard, semblait ne même pas s’en rendre compte.