Il faut voir ce qu’on vient de me donner.
Personne, je dis bien personne ne veut s’en charger. Qui voudrait vraiment le faire ?
Je ne comprends pas ces collègues. Je suis loin d’être la personne la plus sensible pour ce poste-là. Ou la plus adaptée.
Mais visiblement, chaque collègue avait un incroyable rapport à rédiger et autre chose à faire que de faire ce genre de choses-là.

Et aucun bleu à l’horizon. Quand on a besoin d’eux, ils ne sont jamais là. Soi-disant on recrute. La belle affaire. Personne ne peut venir me remplacer. Et en plus l’ordre de mission vient d’un supérieur. Je ne peux m’y dégager.
Je prends mon air le plus noir, le plus menaçant et lance un regard qui en dit long à mes collègues. La plupart d’entre eux m’évitent, font semblant d’être occupés ou encore quittent la pièce. Abrutis. Je suis pratiquement sûre que l’un d’entre eux joue une fichue comédie.

Je prends la voiture et active le gyrophare. Il faut dire que c’est pratique de l’utiliser lors de possibles bouchons. Mais pour ma part, je l’active surtout parce que je n’ai pas de patience. Je suis encore en plein dans le ramadan, je ne mange et ne bois pas. C’est extrêmement dur d’être croyant et de voir que toute la ville s’évertue à nous balancer de délicieuses odeurs partout. Au moins à la morgue, personne ne cuisine les cadavres.

Arrivée dans le lieu, le médecin légiste vient m’accueillir à bras ouverts avec une pile de dossiers qui semble interminable. Je suis loin d’être choquée, plus peinée par toutes ces pertes. Personne ne m’a dit de quoi étaient morts ces personnes. C’est alors que le légiste m’annonce la mort mais également certaines blessures particulières.


L’homme approuva, me laissant sans voix. Ce qui n'arrivait pas souvent. Ça y est. Tout ça recommençait. Ces putains de monstres étaient de nouveau parmi nous.


J’ai envie de lui mettre une claque au vu du ton employé. Néanmoins, je ne peux douter de ses capacités. Tout comme il ne pourrait remettre en cause mes compétences professionnelles. Nous savons tous les deux que la journée va être longue. Je dois accompagner les parents, proches des défunts afin qu’ils puissent les reconnaître. Tout cela n’est pas évident. J’ai laissé à peu près une demi-heure entre chaque personne pour l’identification du corps. Je connais les gens, ils vont mettre du temps à réaliser, à refuser, à pleurer, à m’interpeller. Puis il faut leur donner le temps de signer les papiers.
Il est 7heures 30 et certains attendent déjà depuis un moment. Pourtant, les premiers ne passeront qu’à huit heures. La journée va être extrêmement longue.

Prise de pitié, je démarre la session quelques minutes plus tôt. J’accueille les parents, je vérifie leurs identités respectives. Je m’informe de ce qu’on a déjà pu leur dire. J’explique au mieux la situation puis le déroulement des évènements. Le moment est déjà dur pour les parents, il y a cette pointe d’espoir en eux ce “peut-être que ce n’est pas mon enfant”.
Nous entrons ensemble dans la morgue, le médecin légiste ouvre la fermeture éclair et laisse découvrir le visage d’un jeune homme.
Les parents partent en sanglots. La mère murmure le nom de son enfant entre ses mains, le père ne peut dire un mot.
Je dois rester impassible. Leur douleur n’est pas la mienne mais je peux la comprendre. Néanmoins, les minutes passent et il faut qu’ils dégagent rapidement de là pour signer les papiers. C’est un moment quelque peu compliqué puisqu’il faut les faire rentrer dans une autre pièce.
Je fais un signe discret. Nous l’avons longtemps élaboré, depuis que je suis une bleu. Ce signe, à peine perceptible, permet au légiste de refermer le sac mortuaire où se trouve l’adolescent.

Je présente une autre porte aux parents. Ce qui est pratique par ici, ce sont les 4 quatre portes dont dispose cette pièce. La première, par laquelle nous sommes rentrés, une seconde qui permet de faire passer les passants vers d’autres salles. C’est génial lorsque vous avez un meurtrier d’un côté, un corps de l’autre et des parents qui en envie de tirer une balle sur le dit assassin. Enfin vous avez les deux autres portes, plutôt réservées aux légistes. Le bureau et leurs fournitures. Et l’autre je n’y ai jamais mis les pieds.

Bref, j’accompagne les parents, leur donne les papiers et je les laisse au calme. Je leur conseille à chaque fois d’aller voir les psy du coin. Ils ont été appelés en renfort.
La journée est très longue. La plupart des parents sont affligés de voir leur progéniture sans vie. Le choc pour certains est tellement dur qu’ils s’évanouissent. D'autres, ont envie d'en découdre à moi. À l'un d'entre eux, je lui ai filé une droite. Légitime défense diraient certains, retour à la réalité je dirai plus. L'homme était sonné et avait fini par suivre sa femme.
Rien n'est aisé avec les femmes endeuillées. Le seul point positif est qu'ils ont un corps. Ils peuvent donc effectuer leur deuil sans se poser plus de questions sur la possibilité d'un enfant disparu.
Le plus surprenant, ce sont les familles; il y en a très peu de ce genre je tiens à le préciser; qui sont presque heureux de la mort de leur progéniture . Pour eux, c'est une délivrance,  un poids qui s'enlève. Ils viennent signer la mort de leur enfant comme on irait acheter les clopes au bar-tabac du coin.

Je ne fais pratiquement pas de pause.  C'est éreintant, je m'accorde une pause aux toilettes pour m'extirper des pleurs, de la colère et des regrets de certains.

Le tout finit vers 17 heures. J'ai donné à peu près 20 minutes pour chaque famille. J'envoie un message à mon patron qui me libère de ma journée. Il ne peut pas dire que j'ai chômé.

Je reviens chez moi, non sans avoir piqué deux-trois dossiers des victimes. Aucun gamin ne s'est réveillé tel un film d'horreur. Pourtant, leur dossier est frappant. Les morsures au cou, aux poignets.
Ça me fait royalement chier. Cette affaire me fout les jetons. J'ai ce mauvais pressentiment.
Depuis le Bronze, j'ai toujours la foi. Mais pour être honnête,  maintenant que j'ai eu affaire à ces monstres… maintenant sue je sais qu'ils existent… Je ne peux m'empêcher d'y penser.
J'ai terminé mon service mais je sens que quelque chose risque de se tramer. Je ne peux en parler à personne.  Il faut se mettre à ma place.  Je suis policière,  je suis sensée être une personne sur qui on peut s'appuyer, à qui on peut faire confiance.  Si je commençais à dire tout à coup que des suceurs de sang sévissent à Sunnydale, tout le monde se ficherait de moi. Et mes collègues seraient les premiers à prendre ce prétexte pour me mettre dehors. Ils en rêveraient.
Je me lève,  prenant les clés de la voiture personnelle,  je prends mon insigne, mon arme à feu, mon taser, mes menottes, ma matraque. Et puis les 3 briquets que j'avais chourrés à 3 gamins de 12-13 ans. Un simple avertissement. J'espérais qu'ils allaient me servir là-bas.

Il est un peu plus de 18 heures lorsque j'arrive à la morgue. Je prends mes affaires. J'ai la peur aux tripes. J'ai la dalle mais celle-ci se fait moins sentir que ce mauvais sentiment qui m'habite.  Il fait encore jour mais bientôt le soleil va se coucher. Et ça,  ça me fout une trouille pas possible. 30 personnes dont la grande majorité se trouvent être des mineurs risquent de se réveiller en pleine nuit. Tout le monde a déjà vu au moins un film de vampire. Tout le monde sait de quoi ils sont capables. La jeunesse éternelle, des dents pointues, du sang, d'autres morts. Un carnage en somme. Je suis loin d'être une héroïne comme on en voit mais je ne laisserai pas ces suppôts de Satan de foutre la ville en l'air.

Je croise le médecin légiste en cours de route et l'informe que je viens rendre des dossiers que j'ai emprunté par mégarde. Il me dit que c'est ouvert et que je n'ai qu'à les déposer là où je les ais trouvé. Je tente de cacher mon empressement. Les minutes passent si vite. J'ai peur d'arriver trop tard, de ne pouvoir y arriver avant ça ne se réveille.
Arrivée à la porte, j'entends du bruit. Putain. Je suis arrivée trop tard ? Je respire un bon coup. Je charge mon arme de service. Je place mon chargeur dans ma poche arrière gauche et ma matraque est bien attaché à ma droite. Je lâche les dossiers par terre. C'est pas le plus important à ce moment précis.  Je respire une nouvelle fois puis je m'élance. Mon pied droite porte un grand coup à la porte qui s'ouvre en grand, je tiens entre mes deux mains mon arme de service, prête à tirer sur la première créature à dents pointues. Je m'arrête à temps. Je connais ce type.


Je suis loin d'être ravie de le voir. Je me souviens parfaitement de cet illustre inconnu. Il était présent lorsque ces monstres sont apparus. C'est ce même homme qui a dégommé la tête d'un de ces croqueurs d'humains. C'est assez fou que nous nous retrouvions à ce même endroit. Je remarque que je suis bête. J'ai crié comme si j'étais à la fête foraine. Putain, je dois surtout pas réveiller les morts. Qu'est-ce que je fous ? Je crois que c'est la pression. Ou la faim.
Je baisse mon arme de service mais je me tiens tout de même sur mes gardes. Les vampires je crois que c'est assez rapide.


J'avais un peu baissé la voix mais oublié les fameuses formules de politesse. Je n'ai pas de temps à perdre. L'horloge tourne et la nuit arrivera tôt ou tard. J'ai besoin qu'il se casse en vitesse et de m'occuper des 30 victimes avant qu'ils ne s'occupent de nous.

Il semble tout aussi heureux de me voir. Mais visiblement il faut que je lise entre les lignes. Ce serait plus simple si c'était un animal. Hop ça remue la queue et ça fait des tours sur soi-même, c'est content. On vous saute dessus c'est... Non, on va abandonner, c'est très bien de pas savoir.


Visiblement nous avons tous les deux le même humour. Ainsi que les mêmes préoccupations. Néanmoins, je ne sais par quelle magie celui-ci a eu vent de ces morts. Mais là n’est pas la question. Là, j'ai la dalle, le soir va bientôt se pointer et je risque de faire une nuit blanche. Super soirée en perspective.
L'homme prend en main les opérations que nous allons lever. Mais je suis loin d’aimer qu’il soit le seul à activer son cerveau. Moi aussi je sais penser et m'activer.


Manquerait plus qu'ils nous fassent des jalousies parce qu'ils ne seraient pas traités de manière égale. Tant pis, ils n'avaient tout simplement qu'à ne pas se faire mordre. C'est horrible mais notre vie comme celle des autres citoyens est en jeu. En regardant un des adolescents, je me rappelle que nous avons face à nous des sportifs. Je maudis ces saletés d’avoir pris des gamins qui seront plus que privilégiés. S’ils avaient pris de petits gringalets on aurait peut-être moins d’emmerdes futures. Là on risque de se retrouver avec des monstres dotés d'une force assez importante et qui sera certainement plus importante à cause de leurs gabarits.


Sous-entendu moi je n’en ai aucun et qu’un peu d’aide ne nous ferait pas de mal. Putain, si on se dépêche pas, ils vont tous se ruer sur nous. Puis sur des gens présents. Je reste pensive lorsqu’il me sort de ma torpeur. Il me dit avec une façon bien à lui de me magner le cul. D'où il sort celui-ci ? C'est la première fois en 10 ou 20 ans qu'on me parle ainsi. Mais il va se calmer rapidement l’autre shérif de mes deux. Il veut peut-être se réveiller avec l’entrejambe en feu ou ça se passe comment ? J’allai lui dire ses quatre vérités mais l’urgence de la situation, l’horloge indiquant le temps restant avant le coucher de soleil me stoppa de mes éventuelles actions à son encontre. Je vais certainement laisser cette remarque peu gracieuse envers ma personne et je règlerais les comptes si nous nous en sortons vivants.

Je dépose les 3 briquets sur une table et cours vers les tiroirs de droite. Je regarde rapidement pour voir s’il n’y aurait pas du matos qui craint et qui pourrait nous porter atteinte. Je trouve son truc, je regarde d’autres tiroirs mais j’ai plus des dossiers ou des fioles étranges, je dépose mes trouvailles sur la table et je me rends dans la salle où est déposée le matériel. Soudain, c’est le coup de foudre. Je vois la pépite. Je laisse l’engin.


Si on découpait tous les membres, on aurait des vampires troncs. Beaucoup moins faciles pour eux de nous choper.
Je découvre tous les joujous des tyrans parmi tous les ustensiles de l’autopsie. Tout comme les autres corps. Putain, il va y en avoir du boulot. Je décide d’un commun accord avec moi-même, puisqu’on est jamais aussi mieux servie qu’avec soi, de déplacer les cadavres se trouvant sur leur table de torture. Je préfère les laisser dans les trucs pouvant les garder au frais. Mais je galère à faire bouger le machin. Putain, ils ont pensé aux trucs d’arrêts comme à ces maudites poussettes de l’enfer.
Mais un problème ne vient pas seul. Le poids de l’occupant est plus que préoccupant pour mon dos. Si j’en fais la moitié avec l’autre on va s’esquinter notre dos. Et on n'aura jamais le temps d’effectuer tous ces allers-retours. Je fais le premier dans l'urgence, le temps de trouver comment ouvrir et fermer la porte correctement. Rien de compliqué. Je préfère tout de même vérifier que rien ne pourrait s'ouvrir de l'intérieur.

Je cours vers d'autres armoires pour trouver quoique ce soit d'utile. De l'alcool. Très bien. Heureusement que musulman et alcool font bon ménage par ici. Si on ne trouve pas de solution rapide, on pourra peut-être en brûler certains ? Mieux vaut être préparé. J'en compte 3. Je recense également d'autres substances chimiques hautement inflammables. Je rejoins monsieur le commandant.


Vu ma gueule, j'espère qu'il ne va pas me faire chier avec un iman. C'est leurs conneries de chrétiens qui ont créé des conneries pareilles. Dieu tout puissant blabla qu'on doit également et voilà les monstres qu'on produit. Tiens d'ailleurs, je devrais p'être le laisser se démerder avec tous les cadavres. Moi je devrai déjà être en train de cuisiner pour ce soir. Putain, j'ai faim.

Quoi ? C’est vrai qu’à chaque fois que les mecs sont dans des merdes pas possibles ils appellent une seule personne. Bon, parfois deux. Leur copine du moment et surtout, la grande la fameuse, la seule et l’unique, je nomme: maman. Maman c’est le premier mot d’une vie. Maman c’est celle qui sait où se trouve sa chaussette, qui repasse tes fringues, te donne de l’argent de poche, nettoie derrière toi, te nourris. Bref, ta femme de ménage personnelle. On peut voir l’importance d’une mère même dans les films. Au bout de leur vie les mecs sont toujours en train d’appeler leur mère. Ouin ouin viens me chercher. P’être que leur mère c’est leur dieu au final.


Quelques fois, la sobriété en termes de mots c'est tout aussi bien.

Le cowboy montre son art du sabre japonais ? Il en impose et commence des mouvements qui me passent un peu au-dessus de la ceinture. Les mecs et leurs armes, tout une histoire d’amour. Tout comme avec leur bagnole. Il semble également avoir des connaissances dans le corps humain ou peut-être dans la médecine au vu de la manière dont il découpe les corps. Je ne suis ni vraiment dégoûtée ni véritablement heureuse de voir ces corps se faire démembrer. Probablement que les scènes de crime et mon passé auront raison de ma position. Néanmoins, j'admire l'aisance qu'il a pour le faire. Personnellement, je crois que je préfère tirer avec mon arme de service. Le sang, c'est chiant à nettoyer.

Visiblement le cowboy semble également en connaître un rayon sur ces créatures de la nuit. Il semble faire un distinguo entre les nouveaux suceurs et les anciens. Quelle générosité de me faire partager tout son savoir. Peut-être qu'il devrait penser à éditer un bouquin là-dessus pour que je puisse y apprendre des petites astuces. Il me parle de mes balles mais j'ai cru comprendre il y a peu que les miennes étaient plutôt inefficaces sur ces personnes-là. Les balles ne tuent que les vivants. Ils écorchent à peine les morts vivants. Même si on est un as de gâchette comme moi. peut-être que tirer avec un plus gros calibre ou plusieurs fois dans la tête arriverait à nous aider.
Le coco décide enfin de me décliner son identité. Je n'en demandais pas tant de mon partenaire que j'appelais machin. Dorénavant, machin cowboy a un nom Killian Feile mais également une profession. Visiblement nous sommes des sortes de collègues. Je comprends mieux comment il a pu venir ici aussi rapidement et obtenir les mêmes informations que moi.  Toutefois, je n'ai pas envie de donner plus d'informations que cela. Il doit mériter mon nom.


Je me souvenais toujours du passage de ces canines dans mon cou. La douleur, mon sang jaillissant hors de moi.
Je viens de réaliser un truc. Le cou, notre point faible. Il faut nous protéger de cette horreur. C’est encore une emmerde de plus à gérer. Pendant que l’autre fait joujou avec ses sabres, nous on va chercher comment se protéger notre partie la plus fragile. Notre cher associé du doux nom de Killian nous adresse quelques mots à notre encontre. Charmant.


Je me retourne et cours vers les corps et je les attache comme je peux, je vérifie que ce soit solide. J’ajoute même du gros scotch marrons aux endroits que je trouve nécessaires. Au fur et à mesure je remarque que j’en suis arrivée à 5 corps. J’arrose les autres corps d’alcool, je les imbibe autant qu’on devrait le faire pour un poulet rôti. Voilà, maintenant j’ai vraiment faim. Mon ventre risque de crier famine. L’heure tourne et je me rends compte que je n’ai toujours pas cherché ce dont je m’inquiétais. J'essaye de me souvenir d'un endroit, d'un objet précis qui pourrait faire le boulot. Finalement, il me vient une idée. Je quitte la salle et préviens mon partenaire du jour.


Je reviens une minute après à peine avec un carton rempli. Je sors un collier cervical ainsi qu’une ceinture de soutien pour la colonne vertébrale. Comme je suis d’une générosité à toute épreuve, je me dirige vers notre légiste du jour. N'ayant aucune envie de voir mon corps se faire démembrer je le préviens en avance.


J’arrive dans le dos de l’homme et je lui enfile la ceinture, je vérifie le fait de ne pas avoir trop serré le la ceinture en question et je scratche le coup. Je rajoute le collier cervical que j’échange avec un autre un peu plus grand. Le principe est de le protéger, pas de l’étouffer. Je scratche le tout et je le laisse tranquille. J’ai également ramené d’autres babioles: alcool, scotch, pistolet à agrafes. Ceci ne tue pas mais ça peut faire mal. Je retourne à mes occupations soit ligoter les cadavres pour plus de sécurité tout en les abreuvages de divers alcools. Cet endroit pue l’odeur des cadavres en décomposition mais également l’alcool. On dirait qu’on se trouve dans un bar avec des alcooliques. Génial. J'ai bien avancé, 7 cadavres sont saucissonnés avec beaucoup d'amour. J'ai toujours faim mais je sais qu'eux aussi risquent d'avoir faim... de moi. De nous.

Pour avoir une idée de la ceinture+ du collier:

Ce qui me gonfle le plus avec ce mec, c’est qu’il défait tout. Qu’il vienne pas hurler à la mort parce qu’un mort aura l’idée de le mordre au cou. Je me fais chier à trouver ce truc qui est super utile et lui se dépêche de tout foutre en l’air. Pourri gâté.
J’entends des choses bizarres du côté de Killian. Je n’ai pas envie de me faire une idée précise de ce qui se passe.

Sauf que quelque chose me turlupine. Si on a autant de jeunes qui se sont fait tuer comme ça c’est probablement parce qu’il y a d’autres vampires en liberté. Ne devrait-on pas attendre au moins que l’un d’entre eux se réveille ? Ou ça serait à peine perdu ?
Putain, j’sais pas quoi faire. On pourrait tenter pour voir ce qu’on pourrait en tirer. P’être qu’ils garderaient un truc humain ?

Non Zorah. Fais pas chier. On a bien vu au Bronze comment l’un d’entre eux m’a bouffé la gorge. Ils n’ont aucune pitié des humains. Ils ont tué sans aucun remord des jeunes.
Je continue de badigeonner les morts d’alcool. Si on les brûle, ça fera un véritable feu de joie. Je finis de parfumer tous les cadavres, sauf ceux dans l’immense conteneur de cadavres. Aucune envie de découvrir qu’ils étaient tout sauf inconscients. C’était probablement un mauvais choix de départ. Mais 2 face à une trentaine de ces bestioles-là, je ne donne pas cher de ma peau.

Tandis que le maître des sushis continue ses besognes; à ce que je semble entendre; je me dis que je pourrais tenter des petites expériences. Concrètement la scie me fait de l’oeil depuis tout à l’heure. Je cherche des yeux un uniforme de médecin, des gants et des lunettes.
Je suis loin d’être la fashion victim des vampires, mais je suis sûre que je ne veux pas puer la mort. J’enlève mon haut et le fout près de la porte. Je garde mes chaussures et mon pantalon. J’enfile la tenue d’un légiste, comme je peux, me fout des lunettes, un masque et branche l’appareil qui fait un bruit d’enfer à réveiller des morts. Hahaha. J’ai tellement d’humour. Je prends l’un des briquets que j’avais déposé sur une table et me tourne vers un cadavre.

Monsieur a visiblement envie de s’amuser. Il n'est pas gêné du tout.




Il me saoule. En plus il a rien amené à part ses foutus katanas. Il a pas de prête, d’eau bénite, de prête ni de pieu. Quel manque cruel d’efforts! Ou alors il se fiche de moi. Ou il ne me fait pas confiance. Il est vrai que j'inspire plus la crainte avec tout ce que je fais en ce moment.




J’y crois pas. On dirait qu’il souhaite me faire passer une audition. Monsieur souhaite une petite prestation. Je dois donc performer devant un mec qui va juger mes compétences en tant que tueuse de vampire. Merci. Je n’avais pas besoin de ses jugements. Tous les mêmes ces mecs.

Je ne vais pas tuer la rouquine. Pas tout de suite. Enfin d’ici quelques minutes, le temps de trouver quelque chose. Parce qu’il a raison sur un point, il faut la tuer. Afin d’éviter qu’elle réveille les autres. A moins que ma scie les ramène plus rapidement à la vie.

Et puis j’ai une idée. Je m’en veux soudainement de lui avoir agrafé la bouche. J’y pensais pas mais on a les dents. Si on prend les dents avant, ça disparaît lorsqu’on les tue ? Et si elles restent, est-ce qu’on pourrait les analyser ? Pourrait-on obtenir plus d’informations ? Peut-être que ça se revend aussi dans le monde des vampires ? Ou des sortes de signes de reconnaissance ? Genre les zèbres ont des signes particuliers pour qu’on les reconnaissent avec leurs rayures noires. P’être qu’ils se montrent leurs dents et…. Putain. J’me fatigue à penser à ces conneries. Mais pourquoi pas. Peut-être qu’il y a une sorte de hiérarchie des dents des vampires. Est-ce que ça se reproduit les vampires ? Dans Twilight je crois que oui… Est-ce qu’il va vraiment falloir que je me farcisse cette saga ? Ou du moins les films.
J’ai faim. J’imagine des conneries dignes d’un gosse.

Pendant que l’adolescente tente de hurler avec ses agrafes sur la bouche, j’observe ce qui reste comme matériel. Je ne vais pas la brûler. Je ne vais pas non plus utiliser mon flingue. Cela fait certes mal mais ça ne tue pas et ça fait du bruit. Le taser ne la tuera pas. Je pourrais aussi lui ouvrir le crâne. Une troisième victime de mes talents d’ouverture de crâne ?

Mes yeux tentent de voir ce que je pourrais utiliser. Je vois ce qui ressemble à une sorte de marteau allongé. Comment pourrais-je l’utiliser ? Directement dans le crâne ? Dans le coeur ? Dans le ventre? Non… Dans le cou. Oui mais ce serait long.
Finalement je reprend ma scie et décide tout simplement de l’utiliser pour couper la gorge de la lycéenne. Elle tente d’hurler, elle ne réussit qu’à faire partir une agrafe. Soudainement, elle disparaît dans un amas de poussière.



Je ne vois étrangement pas cela comme un meurtre. J’y vois cela comme une délivrance pour la victime mais aussi un apprentissage. Visiblement on peut les tuer avec une scie en séparant la tête du corps. Très bien, c’est noté. Mais on ne peut pas tuer un vampire avec des balles. Logique. Logique de merde oui.




C’était loin de faire dans les paillettes. Tant pis ou tant mieux. Je ferai mieux lorsque j’aurai tout compris. J’abrégerai plus rapidement les souffrances des vampires. Si je le peux. Toutefois, même si la scie est utile, elle indique également qu’il faut une source d’électricité et un vampire immobilisé. Rien qui ne me permette de me protéger.




J'impose même ce que je dis. Ce sont mes cadavres, pas les siens. Et puis, je ne veux rien faire de très glauque. Juste leur piquer leurs canines. Au moins, l’espèce de marteau allongé va me servir avec les pinces. Après il faudrait voir si leur enlever leurs précieuses dents les rendrait moins agressifs et plus dociles. Comme lorsqu’on castre certains animaux.
Bon si, après je tenterai de taper sur certaines parties du cerveau avec le marteau. Peut-être que ça annoncerait quelle partie du cerveau a pu être touchée.

Je dépose la scie sur une table, prend une grande pince ainsi que l'espèce de marteau. Sait-on jamais. Comme je n'ai aucune envie de me faire croquer un bout de doigt, c'est avec le marteau que je vérifie l'état de conscience du cadavre. Putain, qu'est-ce que je suis en train de dire ? Enfin, bref. Le mec ne se réveille pas. J'entrouve la bouche avec mes doigts et je vérifie qu'il ait effectivement des canines. Elles sont bien présentes et semblent faire la taille d'un pouce. Fascinant et effrayant.

Je prends la pince entre mes doigts et tire la dent. C'est loin d'être facile mais j'y arrive en quelques secondes. En revanche, je fais carrément un truc dangereux. J'ai rien pour ouvrir la bouche en grand. C'est un coup à se faire couper les doigts par leur mâchoire. Putain, ça me lance à nouveau dans le cou. Pourtant, y'a plus rien. Je le sais, j'avais vérifié.
Je souffle un coup et je tente à nouveau le coup. Et zou, une seconde dent pour Zorah.



J’arrête là.

Je prends une grande inspiration et je donne un très grand coup sur le cerveau du monstre. Mais au lieu d’avoir une pluie de poussière, je me retrouve avec du sang et un vampire qui crie. J’ai mal aux oreilles.


dis-je comme une observation.


La tête ça ne sert à que dalle. En revanche on peut découper leur tête. Mais on peut aussi les faire exploser avec un pieu qu’on ne possède pas. Sympa à savoir.

Je reprends ma scie et décide de découper à nouveau la gorge du vampire.



Le prochain, je le tente avec le marteau, vers le cœur, comme ceux qui l'avaient fait au Bronze. On verra si ça marche.

J’entends un de ces bruits. Allah, fais en sorte qu’il interrompe ce vacarme. Ces hommes, ils sont tous tellement bruyants, comme s’ils devaient en faire plus pour montrer qu’ils étaient les forts. Je lève les yeux au ciel.
Le marshall me hèle. C’est bon, on est à côté, il pourrait arrêter d’hurler à la mort.
Je me retourne rapidement pour attraper le pieu mais pour découvrir également le corps animé d’un de ces morts. Sympa tout ça.

Je me rappelle les instants de ce fameux soir. Je ne dois pas me faire toucher, en aucun cas. Sinon, ce sera le vampire gobant mon sang comme un putain de moustique. Et pas de seconde chance avec l’adolescent.
Je me lance, j’ai pas besoin de l’aide de mon compagnon. J’y vais franco. L’autre a l’air d’un démon, quoique ses dents me disent le contraire, il veut me prendre.
Trop tard, je cours, saute et enfonce le machin lancé par machin. Il disparaît dans un amas de… poussière. Rapide, efficace. Le tout ressemble à ce qui s’est passé dans le Bronze.
Si l’un d’entre eux s’est réveillé aussi rapidement, il va falloir que j’arrête de faire joujou. Armée de ma nouvelle arme, je décide de ne pas faire durer le suspense et d’éliminer rapidement les morts. Je m’arrête seulement lorsque ceux de ma partie se sont… envolés vers d’autres horizons ?
Seuls restent ceux que j’ai enfermé.
Je réalise le bordel laissé avec le sang. C’est pas joli. Je vais devoir passer un coup rapide. Avant cela, je me dois de faire une dernière chose. Je vais vers le quarantenaire. Je ne m’approche pas d’aussi près de lui. Il pue le sang, je n’ai aucune envie qu’il m’en mette plein partout.


Il n’y a pas besoin de plus de mots. C’est pas un imbécile. Je ne vais pas m’épancher comme ces gens aux multiples émotions qui auraient remercié on ne sait combien de fois l’acte dont celui-ci a fait preuve. Je vais au plus simple.
Maintenant, je dois me concentrer sur le nettoyage. Je prends du papier qui traîne et je nettoies rapidement ce que je peux, je mets le tout dans une poubelle avec en guise ma tenue. La femme de ménage fera le reste. Nettoyer les coins sales, dépoussiérer certains endroits, pas ranger tout le bordel avec tout ce que j’ai amené. Ça, c’est ma merde.
Je sors ma tête pour voir où l’homme de loi en est dans son travail.


N’attendant pas sa réponse, je prends mes effets personnels, les range, gardant tout de même le marteau et le désormais pieux entre mes mains. Je laisse bien en vue les canines sur une table. On verra si j’trouve un truc à une bibliothèque, chez un putain de marchand du paranormal ou autre dinguerie.


Je les avais fichu là-dedans, certes, il allait tout de même m’aider à les tuer. Plus vite on termine, plus vite on sera tiré de cette pagaille. Je n'aime pas trop rester dans un lieu comme ici. Surtout qu'il va falloir que je trouve un motif pour expliquer l'absence de cadavres. Putain, quelle vie de merde.


J’ai la dalle, l’heure tourne. Je jette un coup d’oeil rapide. Une demie-heure vient de passer. L’addition risque d’être salé pour l’homme au chapeau. J’espère qu’il a pensé à sa carte bleue.
Allah, pardonne-moi, j'ai faim. Je souhaite en finir en plus vite pour déguster un plat. Pardonne-moi ce péché. J'irai prier pour l'âme de ces malheureux, morts plus tôt que prévu.
Je ne peux qu'éprouver pendant de minces instants une certaine compassion pour ces éphèbes, privés de leur énergie, de ces expériences, petits bonheurs. Il ne les connaîtront plus jamais. Toutefois, je dois penser à nos vies. S'ils sont morts, nous devons vivre. J'irai éclaircir leur mort. J'irai mettre ces monstres hors d'état de nuire.  Ils n'arracheront plus la vie à quiconque, ils ne feront plus couler les larmes de leurs proches.
Mais tout à une fin et un début à tout. Nous devons terminer ce travail, nous devons éliminer toutes ces personnes et commencer... Oserai-je le dire ? Une alliance entre flics pendant un dîner tardif.